ON APPELLE ÇA CROIRE…

Amis lecteurs…
Ce matin, pour inviter à l’introspection, à nouveau quelques lignes extraites de mon futur ouvrage.
Ce sont des réflexions candides, mais non dénuées de bon sens, sorties de la bouche d’un Amérindien qui s’interroge sur l’étrangeté de ce qu’on appelle souvent la foi.

– « Quelque chose m’intrigue, John. […] Tu dois pouvoir me répondre, toi qui as reçu sur les épaules l’eau du dieu-Christ et qui pourtant paraît savoir respecter notre calumet pour ce qu’il est…
Sans doute n’ai-je rien compris mais… Comment font les Chrétiens pour croire qu’il n’y a qu’un seul dieu, le leur bien sûr, tout en affirmant que celui-ci a un Fils qui malgré tout L’équivaut, que ce Fils n’a pas de Mère qui en soit vraiment une… si ce n’est qu’elle a été visitée par un Esprit prenant la forme d’un oiseau… Et puis comment comprendre ensuite que ces mêmes Chrétiens semblent sans cesse s’adresser à d’autres hommes – des amis du Fils de leur dieu, des « saints » – pour obtenir ce qu’ils veulent de Lui quand ils ont peur ou qu’ils sont perdus dans leur vie ? »

John m’a regardé, bouche bée…
– « Je ne le sais pas… Je n’ai jamais réfléchi aussi loin… et eux non plus, j’en suis sûr… »

– « Et moi, tout ce que je sais de cela, John… c’est qu’en fait, on appelle ça croire. C’est digne, c’est beau, oui… mais en même temps cela peut souvent rendre très aveugle.
Ce que je vois aussi, ce que je commence seulement à comprendre parce que je ne suis pas très intelligent, c’est que les « saints » des Chrétiens […] sont vénérés comme des sortes de petits dieux qui peuvent parler à leur place à leur Christ et à son Père, le grand dieu.
Pourquoi ont-ils tant besoin d’eux ? […] Pourquoi en font-ils des statues dont on m’a dit qu’ils embrassaient les pieds ? C’est parce que leur Grand Esprit, lui, leur Grand Père, ils le pensent trop loin d’eux. N’est-ce pas terrible ?
Et c’est cela qui ne va pas dans leur tête ! Ils ne peuvent Lui trouver une place – à Lui ou à son Fils – qu’à l’autre bout de l’univers, là où ils ne pourront jamais aller puisqu’ils se disent sales dès leur naissance et qu’ils s’accusent de tout.
Quant à leur Esprit-oiseau, ceux à qui j’en ai parfois parlé m’ont tous dit qu’il était ¨un mystère¨ et que c’était donc une faute, un « péché », que de chercher à trop le comprendre.
Moi je ne sais pas, John, et je ne comprends pas non plus, mais tout ce que je vis, je le ressens ; j’y goûte dans mon cœur et dans ma chair parce que le Grand Esprit, je te le dis, est bien là autour de moi, à tout instant, dans tout ce que j’invite à me parler comme dans tout ce à quoi je parle… Et il est aussi en moi dès que j’arrive à aimer sans frontière. Ce n’est pas facile mais… »

© Daniel Meurois. Extrait d’un livre à paraître aux Éditions Le Passe-Monde.
Peinture de James Ayers